L'invasion des profanateurs de sépultures est un film d'horreur (pour l'époque) de 1956, réalisé par Don Siegel.
Dans une petite ville des États-Unis, un docteur se rend compte que les habitants de sa communauté sont remplacés peu à peu par des extra-terrestres dénués d'émotions. Ceux qui ont subi ce traitement sont appelés des 'pods'.
" "Nombre de mes associés sont des pods," Siegel déclara plus tard, "des gens qui n'ont ni sentiment d'amour ni émotion, qui existent simplement, respirent et dorment. Je pense que le film montre ça très bien." "Être un pod," d'après l'interprétation de Siegel de l'histoire, "signifie que vous n'avez pas de passion, pas de colère, que vous parlez de manière automatique, que l'étincelle de vie vous a quitté." [...] D'après Siegel,"il [le psychiatre] parle avec autorité, connaissance. Il croit réellement qu'être un pod est préférable à être un humain fragile, effrayé, et qui se sent concerné. [...] Sa position est valide. C'est pour cela qu'il y a autant de pods. Ceux de mon film et dans le monde croient qu'il font quelque chose de bien quand ils convertissent d'autres gens en pods. Ils se débarrassent de la souffrance, de la maladie, de l'angoisse mentale. Ça vous donne un monde insipide, mais ça, mon ami, c'est le monde dans lequel la plupart d'entre nous vit."
Siegel était inquiété par le fait que le "conformisme" risquait de saboter les valeurs qui caractérisaient la vie américaine dans les années 1950. De ce point de vu, ce n'est pas surprenant que beaucoup de gens dans les années 1990 échouent à y voir une menace. Mais c'est précisément pour cela que le film a été tourné comme un film d'horreur, car le danger, bien que présent, n'était pas évident dans les années 1950.D'où le besoin dans le film de rester éveillé à tout prix."
[...] Ce qui manque dans le film de Siegel c'est l'élément sexuel, en particulier le divorce, le sujet sexuel de prédilection en 1954. [...] L'opposition entre le divorce comme symbole de la libération sexuelle pour 1954 et les moeurs d'une petite ville américaine et ce qui entraîne l'histoire.
[...] Les deux jeunes divorcés se trouvent sexuellement attirant, et plus cette attraction s'accroît plus les pods prolifèrent. Il y a un lien causal qui n'est jamais exprimé comme tel, comme c'est souvent dans les films d'horreur non aboutis. [...] Ce que Miles craint est toujours ce qui arrive, précisément parce que ses peurs sont la cause de tout ce qui arrive. Mais également parce qu'à la racine de ses peurs il y a un désire qu'il ne peut effacer - le désir sexuel [...]
Miles veut quelque chose qu'il sait être impossible - la libération sexuelle - mais il veut aussi le tissu social solide qui ne peut être fondé que sur l'inviolabilité du lien du mariage. Dans son ambivalence, Miles est le miroir du pays tout entier à l'époque.
Les Lumières étaient sur le point de débarquer en Amérique pour la première fois, et comme toujours elles allaient apparaître sous la forme d'un monstre, ici des pods descendant du ciel pour coloniser le pays d'une manière qui serait invisible pour la plupart des citoyens. Le moteur de la subversion sociale est la pulsion sexuelle, qui, au moyen du divorce, avait été séparée de l'ordre social. Lorsque Miles ramène Becky à la maison après leur premier rendez-vous, il fait des allusions sexuelles, suggérant de la mettre au lit, poussant Becky à répondre en citant Shakespeare: "Là réside la folie." Mais Mile continue de jouer le rôle du blanc grossier et demande, "Qu'y a-t-il de mal avec la folie?" Becky répond, "La folie." La libido, en d'autres termes, est le carburant qui permet aux pods de proliférer, bien que Miles semble ne jamais s'en rendre compte. Lorsque cette scène prend fin, le pod de Jack Bellicec ouvre les yeux. [...] Becky avait donc raison. Suivre sa libido en ces termes, c'est-à-dire en dehors du mariage, mène à la folie." p. 194-197
"La juxtaposition est remarquable - "J'allais épouser Becky! J'allais vaincre les pods" car elle réitère la juxtaposition d'événements apparemment indépendants qui ont créé la crise en premier lieu. Si le divorce avait donné les monstres, le mariage allait les vaincre." p. 200
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