Les Monstres du Ça



- Les Krell ont oublié une chose.
- Oui, quoi?
- Les monstres, John. Les monstres du Ça.

Planète Interdite, 1956

jeudi 7 mai 2015

Capitalisme - Conflit entre Usure et Travail IV

[À propos des missions d’évangélisation des Jésuites aux Amériques – notamment en Amérique du sud – aux 17ème / 18ème s.] …les Jésuites conclurent qu’il était pour ainsi dire impossible de convertir quelque nation indienne que ce soit qui maintenait une existence de chasseurs-cueilleurs. Afin de convertir les indiens, les Jésuites devaient rassembler les tribus errantes dans des implantations, et pour faire cela les Jésuites devaient enseigner aux indiens comment travailler et créer une économie qui pourrait à la fois fournir une subsistance et répartir les surplus produits par leur travail. p. 625
…Les Jésuites donnèrent naissance à une « révolution sociale » qui amena la prospérité aux Guarani. « Entre 1731 et 1766, les dix villages passèrent de 14.925 à 23.788. »
[…] Les Jésuites n’étaient pas venus à Guaira pour s’approprier le labeur des indigènes. De ce point de vue, ils se détachaient des colons européens qui voyaient le Nouveau Monde comme une source de richesses, devant soit être volée directement aux natifs, soit être atteinte en volant les fruits de leur travail. Face au défi que le continent vierge représentait pour le labeur humain, l’Angleterre, le Portugal, et l’Espagne établirent des systèmes d’engagisme [indentured servitude : colons qui s’engageaient à travailler pendant quelques années pour la personne leur payant le passage au Nouveau Monde] pour s’approprier toute valeur ajoutée des populations indigènes.[…] Les Jésuites étaient l’exception à cette règle. Ils créèrent un système économique dans les Réductions qui permit aux Guaranis de garder le produit de leur travail. En dépit des calomnies répandues plus tard, les Jésuites, en accord avec leur vœu de pauvreté, ne possédaient rien, et par conséquent ne s’appropriaient aucune des richesses qu’ils créaient.

[…] De manière prévisible, leurs efforts provoquèrent une violente réaction de la part d’une culture [l’engagisme] qui était fondée sur l’esclavage…Le principal outil mis à la disposition des Jésuites par le roi était la Cedula Real du 18 décembre 1606, renforcée par la Cedula Real du 30 janvier 1607, qui affirmait que « les Indiens qui se convertissaient et devenaient Chrétiens ne pourraient pas être pris comme serfs, et devraient être exonérés de taxes pendant dix ans. » Deux ans plus tard, la Cedula Magna du 6 mars 1609 décrétait que les « les Indiens devraient être libres comme les Espagnols. » p. 630à632