[À propos des
missions d’évangélisation des Jésuites aux Amériques – notamment en Amérique du
sud – aux 17ème / 18ème s.] …les Jésuites conclurent
qu’il était pour ainsi dire impossible de convertir quelque nation indienne que
ce soit qui maintenait une existence de chasseurs-cueilleurs. Afin de convertir
les indiens, les Jésuites devaient rassembler les tribus errantes dans des
implantations, et pour faire cela les Jésuites devaient enseigner aux indiens
comment travailler et créer une économie qui pourrait à la fois fournir une
subsistance et répartir les surplus produits par leur travail. p. 625
…Les Jésuites
donnèrent naissance à une « révolution sociale » qui amena la
prospérité aux Guarani. « Entre 1731 et 1766, les dix villages passèrent
de 14.925 à 23.788. »
[…] Les Jésuites
n’étaient pas venus à Guaira pour s’approprier le labeur des indigènes. De ce
point de vue, ils se détachaient des colons européens qui voyaient le Nouveau
Monde comme une source de richesses, devant soit être volée directement aux
natifs, soit être atteinte en volant les fruits de leur travail. Face au défi
que le continent vierge représentait pour le labeur humain, l’Angleterre, le
Portugal, et l’Espagne établirent des systèmes d’engagisme [indentured servitude : colons qui s’engageaient à
travailler pendant quelques années pour la personne leur payant le passage au
Nouveau Monde] pour s’approprier toute valeur ajoutée des populations
indigènes.[…] Les Jésuites étaient l’exception à cette règle. Ils créèrent un
système économique dans les Réductions qui permit aux Guaranis de garder le produit de leur
travail. En dépit des calomnies répandues plus tard, les Jésuites, en accord
avec leur vœu de pauvreté, ne possédaient rien, et par conséquent ne
s’appropriaient aucune des richesses qu’ils créaient.
[…] De manière
prévisible, leurs efforts provoquèrent une violente réaction de la part d’une
culture [l’engagisme] qui était fondée sur l’esclavage…Le principal outil mis à
la disposition des Jésuites par le roi était la Cedula Real du 18 décembre 1606, renforcée par la Cedula Real du 30 janvier 1607, qui affirmait
que « les Indiens qui se convertissaient et devenaient Chrétiens ne
pourraient pas être pris comme serfs, et devraient être exonérés de taxes
pendant dix ans. » Deux ans plus tard, la Cedula Magna du 6 mars 1609 décrétait que les « les Indiens devraient
être libres comme les Espagnols. » p. 630à632