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Yost [Charles
Yost, ambassadeur US dans plusieurs pays] commenta dans une interview de 1978
que les changements dans l’administration présidentielle n’affectaient pas la politique étrangère des
US. Pris de court par la réponse de Yost, l’interviewer lui demanda alors, « Mais
n’avez-vous pas noté, avec le passage du temps, un quelconque changement dans
les prémices fondamentales derrière la politique étrangère ? » Yost
répondit, « Non, non, je ne pense pas. En fait, mon expérience a été
qu’il y a toujours beaucoup moins de changements que promis lors des campagnes
électorales. Quand la nouvelle administration arrive elle a une relativement
faible marge de manœuvre sur les sujets de cette nature. »
En Avril 1953, Henry Luce [créateur
des journaux Time, Life, Fortune…] prit sur lui de faire appliquer la stratégie
de Guerre Froide américaine en Europe en faisant nommer sa femme, Clare,
ambassadeur US en Italie. Au cours de la Guerre Froide, le but de la politique
étrangère US était de répandre l’idéologie américaine. Le boulot de Clare était
de répandre cette idéologie en transformant l’économie italienne, et également
à travers la réingénierie sociale de la société italienne, et de l’Église
Catholique, en sorte que les deux en viennent à ressembler à l’Amérique. p. 339
D’après NSC 5411,
l’ambassadeur était chargé d’empêcher l’Italie de « tomber sous la coupe
du parti communiste italien ou de l’actuel parti socialiste italien…D’empêcher
l’Italie de tomber sous la coupe des groupes néo-fascistes…[et de] Continuer à
se servir des moyens politiques américains et, quand estimé pratique et
approprié, de l’aide économique et militaire. » Pendant son mandat
d’ambassadeur, Clare avait carte blanche pour se mêler des affaires domestiques
italiennes et pour refaire l’Italie à l’image de l’Amérique avec la coopération
totale de la communauté du renseignement US et autres élites américaines. Cela
impliquait d’enseigner aux Italiens à conduire des opérations psychologiques
contre les communistes par eux-mêmes via un projet ayant pour nom de code
« Démagnétiser » [Demagnetize],
plus tard renommé « Clydesdale. » Avec « Démagnétiser, » le
gouvernement italien était « encouragé…à lancer une offensive politique et
psychologique » contre le parti communiste. p. 345
Les presbytériens
s’évertuaient depuis longtemps à soumettre les catholiques. Sous le roi George
II, les presbytériens collaborèrent avec les Anglais pour éradiquer la présence
catholique en Écosse, en particulier dans les Highlands, et d’établir à sa
place une loyauté au Protestantisme, à la théorie et aux pratiques anglaises
dans les domaines du commerce et de l’industrie, et à la langue anglaise. Après
que cette forme précoce d’ingénierie sociale se fut révélé un succès dans les
Highlands, elle fut introduite dans le pourtour méditerranéen et en Amérique du
nord.
…
Sydney Ahlstrom,
historien à Harvard, affirma que « l’héritage religieux de trois-quarts de
la population américaine en 1776 » était la tradition réformée, en
d’autres termes le calvinisme ou presbytérianisme, qui voyait le catholicisme
ou « papisme » comme le moyen pour Satan d’établir la tyrannie, la
persécution, et le « gouvernement arbitraire » sur Terre. p. 373
PSB D-33, le
document top secret du gouvernement autorisant la guerre doctrinale et confiant
à la CIA un certain nombre de tâches comme nous l’avons vu, dont l’une, et pas
des moindres, consistant à infiltrer ses agents au sein « d’associations
et d’organisations étrangères ayant un potentiel doctrinal ‘journaux,
universités, etc…) afin d’influencer leurs actions et leurs productions. »
Les agents de la CIA devaient alors « créer, lorsque recommandé, des
mouvements déviationnistes destinés à scinder des organisations promulguant des
idéologies hostiles, dans la mesure où ces mouvements ne se développeraient pas
au point de menacer la sécurité des États-Unis. » La CIA était également
censée « exploiter des divergences locales, des hérésies ou des différends
sur les politiques menées au sein de systèmes d’opposition. »
La Proposition
Américaine de Luce faisait partie intégrante de la guerre doctrinale qui était
menée contre l’Église Catholique. Écrite en très grande partie par Murray, la
Proposition Américaine promouvait des idées compatibles avec le protestantisme,
le calvinisme, et le presbytérianisme en particulier, rappelant l’idéologie de Thomas Paine, et parfaitement en accord avec la philosophie
politique de Locke. Galvanisé par la victoire de l’Amérique sur le
fascisme et engagé dans une lutte tout aussi sérieuse avec l’Union Soviétique,
Luce offrit la Proposition Américaine comme la formule magique de l’Amérique
qui pourrait faire naître une société bonne et prospère dans chaque pays du
monde où elle serait mise en place. En
proposant la Proposition Américaine, Luce établit un standard moral par lequel
chaque société du monde devait être évaluée. Ce n’est pas une coïncidence que
Luce ait délivré son discours sur la Proposition Américaine à Rome car Luce,
avec l’aide de Murray, voulait se servir de l’Église Catholique pour disséminer
son message aux sociétés « libres »
afin que ces sociétés se remodèlent à l’image de l’Amérique,
transformant ainsi l’Église en une force missionnaire pour l’Amérique et non
pour le Christ. p. 374
Luce se mit à emprunter au discours de Lincoln de novembre 1863 à Gettysburg, au cours duquel Lincoln a prononcé cette fameuse
phrase « Il y a de cela 87 ans nos pères ont fait naître sur ce continent
une nouvelle nation, conçue par la liberté, et dévouée à la proposition selon
laquelle tous les hommes sont créés égaux. » Luce mit l’accent sur ce mot :
« Les États-Unis sont une nation qui dépend pour son existence d’une
proposition et c’est le fait unique qui distingue les États-Unis.
L’Amérique et son entité politique, les États-Unis, furent fondées sur une
idéologie. p. 377
Une fois que les
sociétés ciblées acceptaient la Proposition Américaine comme vraie, et la
philosophie socio-politique américaine comme bonne en principe, alors ces
sociétés subissaient une réorganisation ou réingénierie qui marginalisait les
valeurs spirituelles et permettait l’élévation du matérialisme. Cela était
rendu possible par la relégation de la religion à la sphère privée et son
interdiction de conseiller les politiques de l’état. […] L’acceptation de la
Proposition Américaine amena la création de l’environnement social et politique
adéquat pour le capital et les investissements américains dans des sociétés
entières à travers le monde. Cela était dû au fait que la Proposition
Américaine comme la constitution US, l’idéologie US, et le libéralisme en
général, établissait une économie politique à travers laquelle les sociétés
étaient ordonnées ou réordonnées. p. 380